Mon Traître et Des hommes en devenir, joués au Vallon en 2017 et en 2019, ont laissé un souvenir tellement fort qu’accueillir la dernière création d’Emmanuel Meirieu était une évidence. Place cette fois aux Naufragés de notre société, à qui il rend un hommage vibrant en adaptant le texte de Patrick Declerk, avec toujours autant de force et de cœur.
Tel un explorateur sur un territoire ignoré, le journaliste et psychanalyste Declerck s’est immergé plusieurs mois dans le monde souterrain des clochards de Paris, partageant la crasse avec eux jours et nuits.
L’un d’eux l’obsède encore : Raymond. Raymond qui s’est laissé mourir de froid une nuit d’hiver, incarné par le formidable comédien François Cotrelle. Face au public, il crache ses mots dans un décor de fin du monde, devant la proue d’un immense navire rouillé. Fidèle à sa direction d’acteur, Emmanuel Meirieu amène son personnage comme le public au bord des larmes. L’apparition fantomatique du musicien et chanteur Stéphane Balmino, dont l’écho de la voix résonne lontemps au Vallon, nous laisse à penser que, peut-être, tout ça n’était qu’un songe.