La scolastique a été remplacée par un intérêt bien différent : la morale, la politique, les sciences de la nature.
Une rupture conséquente, alors même que l’homme a sa place dans l’univers, et que ses idées occupent une position stratégique.
En effet, il n’est plus au centre du monde, mais au centre des intérêts humains.
Le temps et l’espace commencent à manquer, et deviennent les seules choses qui comptent.
Nous vivons aujourd’hui un changement important. L’optimisme et la force du progrès devraient nous accompagner vers un modèle humaniste, cependant ces valeurs semblent disparaître.
Chaque continent, chaque ethnie, ressentiraient un futur comme moins porteur, moins généreux, et moins heureux que notre passé.
L’urgence climatique, la disparition de certaines espèces, l’anéantissement de nos idéaux, la défiance envers nos congénères, remettent en cause nos solidarités. Et depuis peu, une épidémie que nous subissons, comme une promesse au lieu de combattre ensemble.
L’optimisme, devrait revenir au cœur de nos débats initiaux et permettre de reprendre le goût de l’école des idées, ce loisir consacré à l’étude de notre philosophie.
Toutes ces idées cristallisées qui ne demandent qu’à éclore et à se répandre afin de retrouver notre place d’humanistes celle-là même que nos artistes observe humblement.
Jacques Placès et Pierrot Men entament alors leur dialogue, ensemble. Et pourtant, chacun à l’autre bout de la planète, ils discutent sur la même pensée.
Si le médium est différent, le regard se marie et la construction graphique partage les mêmes forces.
Jacques Placès, graveur de métier, enseignant de cœur et porteur d’idées, travaille depuis de longues années sur la même ligne.
Ligne que certains nommeraient mystique, d’autre éclairée, Jacques la nomme : « sacrée ».
Par le fantastique bouillonnement de cet artiste, nous découvrons tout l’humanisme qu’il dégage dans son travail.
Cette recherche presque acharnée de la vision du vrai, de l’authentique, lui ouvre la permission de livrer des messages.
Grâce à ce support fragile qu’est le papier, il entame une croisade de gravures souvent avec des tirages considérables.
Car pour Jacques Placès, la création n’est jamais le seul moyen de rencontre. Un peu fétichiste, il capte les inspirations, comme un breuvage que l’on ne connait pas, mais que l’on sait avoir ingéré.
En pleine épidémie de Covid, il réveille les San-Sébastian comme des mémoires profondes. Il se plaît à dire : « Toutes ces révélations arrivent sans crier gare. Plus, j’ai cette sensation, plus je suis à l’aise pour faire quelque chose. Je ne l’accapare pas, je ne conserve rien: Je l’ai fait, je le donne.
La vertu des images pour Jacques est une sorte de filtre initiatique à la restitution de visites, dans un imaginaire graphique.
Ses 200 gravures, sa multitude de dessins sur la Divine Comédie de Dante, les Mots pour Orphée, sont autant de messages livrés pour le regard de tous.
Ou encore La Tolosa, dont Pierre Puel lui dira le jour du vernissage, « Vous avez certainement traversé, à un moment ou un autre, les mémoires de Toulouse. »
Parce que Jacques grand pédagogue, entretien la thérapie de l’enseignement, du corps et de l’âme pour retrouver l’humaniste qui est en lui.
Pierrot Men, photographe de métier, et bien sûr grand humaniste !
Sa bienveillance et l’intérêt qu’il porte à son île Madagascar, sont un modèle d’enseignement !
« Monsieur Men », comme beaucoup, le nomme, pose son regard sans relâche sur le monde qui l’entoure, un appareil toujours à portée de main.
Sa terre de cœur, lui offre les couleurs, les portraits et les histoires que ce grand reporter, nous offre comme des tableaux de maître.
La construction de sa photo est d’une exactitude presque irréelle. Pierrot Men, prend le temps pour chacune d’elle, il savoure les expressions, les émotions, la lumière et le mouvement.
Lorsqu’ « Elle » est là, il sera le premier à la délivrer.
La force de ses clichés est dans la saveur et dans la justesse de sa composition.
Des reflets bien plus parlants que le modèle réfléchi, ou bien encore ces lumières dans les brumes, laissant apparaître quelques silhouettes presque irréelles.
Toute la magie de Pierrot Men est dans cet amour inconditionnel de l’autre, ou, de ce que la nature lui offre.
Voilà, une bien belle manière de se réconcilier avec notre environnement, toujours optimiste. Une vision insolée et développée, pour garder cet instant à tout jamais.
Autour des noirs et blancs, mais aussi de quelques couleurs, tel un peintre, il pose son carré blanc et attend.
Comme cet homme et cette petite fille aux pieds nus, foulant la terre chaude de leur culture. Lui, réfléchissant à la pousse prochaine, elle, recherchant du regard la douceur d’un grand-père.
La puissance de cette empathie qui fait, « Monsieur MEN » est palpable à chaque réalisation.
Comme certains livres ou films, on ne ressort jamais indemne d’un regard posé sur les photos de Pierrot Men.
Dans l’exposition de la Galerie de Toulouse, nous avons souhaité réunir deux grands humanistes, Pierrot men et Jacques Placés pour qu’ils puissent discuter ensemble de ce moment charnière que nous sommes en train de vivre.
Pour que la scolastique au sens littéral du terme, « loisir consacré à l’étude », cette oisiveté retrouve sa véritable origine, celle qui nourri la connaissance.
L’exposition se tiendra du 02 septembre au 31 octobre 2021 du jeudi au samedi de 14h à 19h et sur Rendez-vous
Le vernissage aura lieu le jeudi 9 Septembre 2021 à partir de 19h.
Masque et gestes barrières toujours d’actualité merci de votre compréhension.