Au milieu des années 1940, Lars Fredrikson, jeune ingénieur radio, tente avec un ami de réaliser des sculptures à l’explosif sur une plage en Suède. La démarche artistique est pour le moins sensationnelle pour son temps et ouvre la voie à une œuvre singulière et variée. Bientôt, Lars Fredrikson se rend à Paris pour étudier l’art et restera en France jusqu’à la fin de sa vie. Principalement installé dans le sud, il crée une œuvre que l’on peut qualifier de révolutionnaire dans les domaines de la sculpture cinétique, de l’image, du son et des nouvelles technologies. Une œuvre qui implique de nombreuses collaborations novatrices à la croisée du son et de la poésie, de la sculpture et du mouvement, ainsi que d’importantes avancées technologiques au service de l’art. Devenu professeur à la Villa Arson de Nice, il consacre également une grande partie de sa vie à la pédagogie innovante, en tant que fondateur et directeur du premier département de son et de recherches électro-acoustiques et visuelles. Malgré ces percées importantes, Lars Fredrikson est pratiquement inconnu en Suède et guère plus connu en France, à l’exception d’un petit cercle d’historiens de l’art, de conservateurs et d’artistes.
Au printemps 2024, l’Institut suédois présente une sélection d’œuvres de Lars Fredrikson, en dialogue avec deux artistes contemporaines, Anastasia Ax et Christine Ödlund. Toutes deux ont une pratique polyvalente qui évolue librement dans un large et riche champ d’expressions : la sculpture et diverses formes d’images, la performance, le mouvement et le son. Elles partagent aussi avec Lars Fredrikson une grande fascination pour la façon dont l’énergie circule et se transforme à travers différents matériaux et pour la manière dont la communication opère entre diverses formes de vie et d’états. Ainsi, dans l’exposition se côtoient les larges feuilles en inox martelé et plié, sculptures électro-mécaniques, toiles motorisées, pièces sonores et « écritures subversives » de Lars Fredrikson, les aquarelles ésotériques et installations électro-acoustiques de plantes de Christine Ödlund, et les plâtres lacérés et installations performatives d’Anastasia Ax.
L’exposition est activée par un riche programme de performances, concerts, rencontres et lectures dans l’esprit de Lars Fredrikson. Deux concerts sont organisés avec les compositeurs Tarek Atoui et Hampus Lindwall et en collaboration avec l’EMS (Elektronmusikstudion, ou Studio de musique électronique) à Stockholm qui, depuis soixante ans, constitue un important point de rencontre entre musique électronique contemporaine et art sonore. Il y aura aussi des événements autour de la poésie sonore, une forme d’art que Lars Fredrikson, ami et collaborateur de nombreux poètes, affectionnait particulièrement.
Suivre les ondes est la première d’une série d’expositions de l’Institut suédois qui se propose de mettre en dialogue des artistes historiquement importants et des artistes contemporains, afin de faire valoir l’impact des premiers sur les seconds, de même que leur pertinence actuelle.