Les toiles d'Alain Huet, se comportent au moment de l'acte pictural comme autant d'écrans réceptacles d'impulsions armées de couleur.
"Rythme, trame, squelette" seront les mots souvent invoqués par le peintre. Toiles-lieux d'une dynamique qui s'extériorise alors qu'elle-même résultera d'une intériorisation de sites. Des paysages-environnements dont la palette de l'artiste, au fil du temps, dénonce la présence inspirante ; les terres rouges du pourtour de Toulouse, les bleus froids et les nacrés changeants de la barrière-Pyrénées, les calmes dorés des plages océanes. Mais point de mémoire narrative, descriptive ou bavarde une mémoire de l'essentiel, débroussaillée par l'économie du geste ; tension sous-jacente de l'écorce terrestre, conflit des éléments, heurts des masses.
Ces forces trouvent un point de convergence dans le champ pictural dont les formats contrarient ou exacerbent la dominante.
Point névralgique dans lequel viennent s'encastrer des pans d'espace ou bien engendrant l'espace à partir d'eux.
Etincelle primitive, écho lointain de la fin du chaos. L'élan est pris hors de la toile.
Parfois un mouvement peut être souligné d'un outil tel le racloir denticulé oeuvrant dans le médium épais et frais, sa froideur régulière, un rien "ready-made" exalte par contraste l'aléatoire d'une touche fragile. Si les proportions peintes d'Alain Huet n'ont pas l'austérité voluptueuse d'un "Soulages - dernières an nées", elles portent cependant un sens du rythme contredit équivalent balayages obliques, oblitérations verticales, stabilisations horizontales (un névé strié a sombré dans le miroir d'un lac d'altitude pourra-t-on lire).
"Equilibre-harmonie-climat poétique" dira rechercher le peintre, avec échecs et insatisfactions inhérents à une pratique surveillée, évaluée d'un regard intransigeant.
La plénitude viendrait quand l'œil et la main ne peuvent plus ni ajouter, ni retrancher; beaucoup l'on dit ainsi.
Hélène Sorbé
Docteur en Arts Plastiques
Université de Bordeaux III